Communication et Langages, N° 179, mars 2014 : De la prescription : comment le livre vient au lecteur
Editeur : NecPlus
La question de la prescription littéraire trouve aujourd'hui au moins deux raisons d'être abordée. D'abord parce que l'environnement numérique renouvelle ses formes traditionnelles et les concurrence en proposant de nouvelles interfaces de recommandation, ceci au moment où l'hyperchoix et la pléthore éditoriale rendent plus cruciale la nécessité de signaler et recommander. L'autre raison d'explorer la question de la prescription tient à ce que les sciences sociales ont peu exploré cette notion pourtant largement utilisée dans les discours professionnels, notamment ceux des métiers du livre et de la culture. La bibliothèque s'est déjà interrogée, par exemple, sur la surproduction romanesque et la façon dont cette institution de conseil et de conservation répondait de plus en plus difficilement au hiatus croissant entre le temps court de l'actualité, des one spot d'un jour et des rentrées littéraires et celui, beaucoup plus long, du fonds et des classiques. Les sciences de l'information et de la communication offrent de penser les formes et les agents, les représentations et les valeurs d'une prescription littéraire irréductible aujourd'hui à une simple relation de confiance ou de crédit porté à des instances traditionnelles (presse, académies, jurys) dont l'autorité et la recommandation ne vont plus de soi. Entre ceux qui doutent de la capacité des publics à choisir librement et à s'émanciper des avis des prescripteurs issus des médias et ceux qui défendent la mobilité, la plasticité des productions et des discours culturels, la réflexion reste largement ouverte.