La saga Guérini
Des années trente au années soixante une fratrie corse originaire du village de Calenzana va s'imposer dans le milieu marseillais et régenter en sous-mai la ville : les Guérini. Antoine né en 1902 et Barthélémy dit Mémé né en 1908, arrivent à Marseille à 14 ans et font l'apprentissage de la rue. Un pacte va sceller l'entente entre les jeunes Guerini et les parrains d'alors, Paul Carbone et François Spirito (les héros qui ont inspiré Borsalino) : on partage les trafics, on s'achète la bienveillance de la police.
Pendant la guerre, Antoine Guerini se tait - et engrange les profits, car les affaires continuent -, et Mémé Guerini, lui, se jette tête baissée dans la Résistance. De cette époque date la rencontre avec Gaston Defferre. Les deux hommes ont des intérêts qui convergent, ils se fréquenteront pendant de longues années, même après l'entrée au gouvernement du futur maire de Marseille.
Après la guerre, les affaires reprennent de plus belle. Le clan régente désormais l'ensemble de la ville. Les amis de Mémé ont été placés aux bons postes de la mairie. Plus de 200 agents communaux, tous corses, sont désormais des fidèles du clan. Des basses besognes, les hommes des Guerini vont en exécuter !
Grâce à leurs cabarets, les Guerini sablent le champagne avec les vedettes du cinéma et de la chanson. Alain Delon, avec qui Marie-Christine entretiendra une relation toute particulière, fait partie des habitués. Charles Aznavour, Yves Montand, Johnny Hallyday, Lino Ventura, Romy Schneider, eux aussi, fréquentent les Guerini. En 1967, c'est le début de la fin. Les guerres de territoire ont repris, et Antoine, le frère de Mémé, est assassiné, un après-midi d'été, de douze balles de 11.43. Quelque temps plus tard, la villa de Mémé est cambriolée.
Disparaissent de précieux dossiers concernant le passé douteux de notables, politiques et fonctionnaires pendant l'Occupation. Les Guerini perdent petit à petit appuis, protections, influence. Tombé pour un meurtre pour lequel il s'est toujours déclaré innocent, Mémé fera dix ans de prison et mourra d'un cancer en 1982, quelques années après sa libération.
Marie-Christine Guérini est la fille de « Mémé » Guérini. Elle a été, malgré elle, mêlée à la saga de la famille qui a régenté Marseille pendant plus d'un demi-siècle.