Plateau
« Ici, la roche affleure par endroit, distançant ajoncs et toutes sortes d'herbes faméliques. Les arbres, quand il y en a, on ne sait dans quelle matière, ni jusqu'où ils vont puiser le sens de leur vie, dans quelle terre ruissellent leurs racines, sur quel magma la graine a bien pu germer et enfanter, avec l'unique projet de subir le vent, le froid, la neige et parfois la brûlure.
Là où la mort modèle la vie jusqu'à la déraison. Là où des rochers se dressent vers le ciel, tels des tuyaux d'orgue, desquels dévalent des ombres impénitentes et se retirent en terre sainte. Là où le vent se laisse aller à parfaire les sons pour rien d'humain.
Cet endroit, on s'y jette avec dévotion, on s'y perd aussi, guidé par l'instinct, quelque chose de sacré. Un endroit où se tenir droit, dans l'orgueilleuse posture de l'initié.Un endroit où on prie encore à l'édification d'une simple maison de pierres grises parfumées de torchis, et même qu'on n'en voudrait à personne que des dieux anciens émettent un avis contraire. On s'en remettrait à eux sans discussion. Car aucun homme saint de corps et d'esprit n'est en mesure d'offrir quoi que ce soit à cette terre, et que, prenant conscience d'une telle évidence, il peut y demeurer, la servir en quelque manière, chevaucher les montagnes, dépenser un bonheur asservi durant le temps d'une existence, et pourrir dans la vallée. »
Plateau, c'est un hameau en Haute-Corrèze où réside un couple de vieux paysans, Virgile et Judith. Judith, est maintenant atteinte d'Alzheimer, elle oublie tout sauf une chose : elle a mal vécu l'absence d'enfant dans le foyer. Le couple a élevé Georges, ce neveu dont les parents sont morts d'un accident de voiture alors qu'il avait cinq ans.
Maintenant Georges vit dans une caravane face à la maison de Virgile et Judith. Alors lorsqu'une jeune femme rencontrée sur internet, emménage chez Georges, lorsqu'un ancien boxeur, Karl, tiraillé entre ses pulsions sexuelles et sa croyance en Dieu vient s'installer dans une maison du hameau et qu'un mystérieux chasseur sans visage rôde alentour, Plateau prend des allures de village où toutes les passions se déchaînent.