Dernières nouvelles du Milieu
Lors de sa carrière de voyou, Michel Ardouin n'a pas croisé que des «épées». Il a cotoyé tout un peuple de voyous, prostituées, gardiens de prisons...le peuple des romans de Carco, Cendras, de Simonin, de Léo Malet ou des films de Melville ou d'Alain Corneau.
Ainsi, détenu à Poissy, il fait la connaissance de Chauffour, condamné à mort, qui, une nuit, a entendu se monter la guillotine. Au petit matin, sa porte s'est ouverte et le procureur a seulement dit « Chauffour, Gracié » et la porte s'est refermée. Près de vingt histoires comme celle-là composent cette chronique sombre, parfois truculente. On y croise Pedro Caballero Linares, l'un des derniers à avoir franchi la frontière avec les franquistes derrière lui, et qui passera de la Légion étrangère à une carrière de braqueur;
Titi Pelletier, un voyou de Montreuil, dont Johnny Halliday s'était entiché; le Rouquemoute, issu d'une famille tzigane de Hongrie et dont la passion était de voler des DS. Un jour, il a volé la 4CV de la mère. C'est la première fois qu'on l'a vue pleurer. Elle a pris le fusil et s'est mise en quête du petit rouquin. L'histoire de Gina la Dingue, dingue à force de voir les clients monter avec la belle Michèle ou la grande Diane. Maurice Schoch, l'employé modèle d'une banque suisse qui a séduit les cadors du Milieu français. Pierre Golzer, rescapé des camps, qui, lors d'une cavale, a peut-être croisé le docteur Mengele au Paraguay. On apprend ce que signifient «garçon» ,«brave garçon», «voyou», «meho»,» sale fer», «Mefa», prostituée et femme du Milieu (une prostituée pas intégrée au Milieu, c'était un «colis»). Le «nave», c'est pas pareil que le «cave», encore différent du «micheton».