Robert Combas. Labyrinthe de têtes
Si le confinement nous a tous mis à l'isolement, cette expérience a eu un effet encore plus traumatisant sur Robert Combas. La mise en cage ce lion sauvage de la peinture, l'enfermement dans son atelier ce rebelle éclectique, a provoqué en lui un besoin de se donner de nouveaux complices, de nouveaux compagnons de jeux, de nouveaux alter ego. C'est ainsi que l'artiste a développé et renouvelé la thématique du portrait. Ce fut sa meilleure façon de combler ce vide social.
En donnant naissance à ce qu'il appelle son «?labyrinthe de têtes?», Combas apporte une survie matérielle à tous ceux qui hantent son esprit, à tous ceux dont il a dû se séparer par la force des événements. Comme dans les portraits du Fayoum de l'Égypte antique, toutes les figures qui traversent sa pensée renaissent sous ses pinceaux et accèdent ainsi à une immortalité artistique. Combas se libère des codes picturaux classiques de la représentation de la figure humaine et dépasse les lois de l'apparence. Il privilégie l'expression de la subjectivité, tente de saisir l'ineffable pour rendre compte du fonctionnement de la pensée humaine lié aux mutations actuelles. Par le portrait, il ne veut pas capter une banale ressemblance mais s'attache à exprimer l'inquiétude, l'interrogation, le déplacement, la présence dans l'absence, le sujet face à l'impossible, le rêve, la force du désir et de l'amour, les mystères de l'inconscient, la traversée du miroir... Un ensemble époustouflant dans lequel le peintre pousse toutes ses inventions plastiques à leur paroxysme. L'éclatement des formes, le jeu sur les vues de face et de profil dans un même visage, la disparité des ethnies présentées, les trouvailles iconographiques et stylistiques marquées par un renouveau du dessin et une polychromie foudroyante, inscrivent ses figures dans la lignée des déformations géniales de Picasso, Giacometti ou Dubuffet. Elles signent de façon magistrale la modernité toujours renouvelée de Robert Combas.