L'Ineffacé
Editeur : IMEC
Jean-Christophe Bailly traverse la collection de l'IMEC. L'Ineffacé, exposition inaugurale du nouvel espace de l'abbaye d'Ardenne, propose un parcours original de Jean-Christophe Bailly à travers la collection exceptionnelle réunie par l'IMEC.
En compagnie d'Artaud ou de Derrida, de Duras, de Satie, de Barthes, de Celan et d'une cinquantaine d'autres écrivains, artistes et penseurs dont l'IMEC abrite les archives, l'écrivain, poète, philosophe, édi- teur et dramaturge, Jean-Christophe Bailly, s'est promené dans la collection pour construire, autour de plus de 200 documents, une grande poétique de l'archive faite d'histoires, de savoirs et d'émotions.
« On pourrait envisager l'écriture comme une danse, comme le pas de deux d'un sujet avec la vérité qu'il côtoie mais qui le fuit », note Jean-Christophe Bailly dans le catalogue de l'exposition. « Tous ces carnets et feuilles volantes sur lesquels ces phrases sont venues s'inscrire, tous ces matériaux préparatoires et toute cette archive, il est impossible de se les représenter comme une masse (...)»,« Leur rumeur n'est pas celle d'un empilement inerte, mais celle d'une volière traversée en tous sens. » Pourquoi demander à un écrivain de traverser ces millions de feuillets raturés, des objets, des sons et des images ? Parce que la collection de l'IMEC n'a de sens qu'à la condition d'être ouverte, lue, interprétée - c'est bien le sens du mot « contemporain » inscrit dans son nom. Nulle idée de trésor ici, ou de pièces magistrales qu'on exhiberait : l'Ineffacé, c'est la confiance faite dans ce qu'il y a de plus menu, de plus discret et pourtant de plus entêté : une idée a surgi, elle s'est inscrite dans l'écriture ; elle signe une intention créatrice et la force d'une oeuvre.
L'Ineffacé est aussi une réponse à ceux qui pensent que les archives n'ont pas leur place dans les salles d'exposition. Est-il donc si fou de vouloir protéger et partager le plus fragile de l'écriture, comme on le ferait d'une flamme, lorsque l'obscurité gagne ?