L'expérience extrême. Seul face à un pouvoir, l'individu est l'être le plus manipulable donc le plus
Et si la télévision nous modelait jusqu’à nous changer en assassins ? Face aux dérives de la télévision commerciale, entre téléréalité trash et jeux violents, Christophe Nick a imaginé une expérience unique au monde, un faux jeu télévisé. Il en a tiré un film événement. Dans ce divertissement, on demande à des candidats d’administrer des décharges électriques toujours plus puissantes à un autre candidat.
Christophe Nick s'est inspiré d'une expérience menée dans les années 1960. A l'époque, le psychologue américain Milgram avait sélectionné des volontaires pour un prétendu test sur la mémoire. Les cobayes devaient soumettre un individu — en réalité un acteur — à des décharges électriques d’intensité croissante. Impressionnés par l’autorité du savant, ne se sentant guère responsables de leurs actes, ces gens ordinaires, administrèrent, en majorité, les décharges jusqu’au bout (450 volts), malgré les protestations et les cris de leur victime.
Que donne cette expérience lorsqu'elle prend appui sur l'autorité de la télévision ? Les 80 candidats ont d’emblée accepté de soumettre leur « compagnon de jeu » à des décharges. Sur le plateau, un public chauffé à blanc, des caméras, des projecteurs, la star montante Tania Young.
Combien sont-ils à aller jusqu’au bout ? Chez Milgram, ils représentaient 62,5 %. Ici, 80 %. Des monstres ? Non, des gens de toute catégorie sociale et de tous âges. Ni sadiques, ni abrutis : des téléspectateurs ordinaires, devenus bourreaux au service du spectacle total. Nous.
Sommes-nous devenus plus sadiques ou plus obéissants ? Quel type de société peut donner naissance à un tel comportement ? Cet ouvrage est destiné à répondre à ces questions.