L'Évasion de Fresnes
« L'histoire que je m'apprête à vous raconter, je la tiens de la voix de Nino - plus connu sous le nom d'Antonio Ferrara - qui avec le temps, les épreuves et les fous rires, est devenu un ami, un frère. C'est avec lui que j'ai passé mes dernières semaines de liberté à siroter des cocktails sur les plages dorées de la Côte d'Azur avant d'écoper six ans d'enfermement pour association de malfaiteurs, détention d'un passeport falsifié et vol d'une moto Yamaha. Pourchassé par toutes les polices, ennemi public numéro 1, Nino était en cavale depuis près de quatre mois après son "évasion spectaculaire" de la maison d'arrêt de Fresnes, comme ils ont dit et ressassé dans les journaux. » 12 mars 2003, 4 h 15 du matin. Un commando d'une dizaine d'hommes cagoulés, organisés et lourdement armés (fusils d'assaut, Kalachnikov, lance-roquettes) attaque la maison d'arrêt de Fresnes à l'explosif pour venir délivrer leur ami Nino - maison pourtant réputée la plus sécurisée de France.
Dix minutes plus tard, l'opération est un succès.
C'est que l'évasion d'Antonio Ferrara ne laisse rien au hasard : ce jour-là, ce détenu particulièrement surveillé (DPS) s'est arrangé pour se retrouver au quartier disciplinaire, endroit stratégique de la prison pour mener à bien l'opération. Dans la nuit, ses amis arrivent sur place et incendient des voitures pour occuper l'arrivée éventuelle des pompiers et des policiers. Lors de l'attaque, d'autres « gèlent » les miradors au fusil d'assaut AK-47 pour dissuader les gardiens de tenter toute réaction. Un dernier groupe fait sauter deux portes blindées à l'explosif et au lance-roquettes, tandis que Ferrara fait exploser lui-même les grilles de sa cellule avant de s'enfuir.
Le 10 juillet 2003, Paris 12e. Antonio Ferrara est localisé dans un bar avec deux pointures fichées au grand banditisme, dont Malek Bouabbas. C'est l'OCRB et la BRB qui mènent l'opération d'arrestation. Quarante policiers issus de ces deux services sont mobilisés pour cette arrestation.