Lovely
Lovely, premier recueil de l'auteure majorquine, doit son titre au nom d'un parfum offert par les démonstratrices du rayon parfumerie du Corte Inglés. Un parfum qu'elle ne portera jamais. Le seul parfum possible, c'est celui de l'enfance qui ressurgit lorsque le père, exilé dans la maison de sa fille, puis hospitalisé, décède. Seule la poésie peut prendre en charge la puissance de cette figure de marin issu d'une famille pauvre, affligé des maux qu'il a contractés au prix d'un travail acharné, amoureux de sa barque, de la mer, père et mari, dont la rudesse s'avère pleine de pudeur et d'une tendresse inexprimable. La voix qui elle s'exprime est bien celle d'Antònia Vicens, autobiographique, fidèle aux cent détails de son passé : maison, chemins, plantes, assiettes... Ce qui ne l'empêche pas de donner la parole tantôt à ce père taiseux, qui parfois évoque son passé, tantôt à la femme du marin tout aussi rude que son homme, et dont la fille imagine les frustrations.