La Rochelle - Les Minimes : Un port, une histoire
L'histoire du port des Minimes à La Rochelle : sa naissance avec l'accent mis sur le développement de la plaisance, sa construction - non sans vicissitudes -, son fonctionnement et son destin de premier port de plaisance de la façade atlantique. Marie Dussier dans son ouvrage La Rochelle, les Minimes, un port, une histoire, s'attache aux quatre décennies d'une histoire souvent tumultueuse, car ambitieuse, et par là-même aux habitués du port : ceux qui y travaillent, ceux qui y habitent, Rochelais et vacanciers, sans oublier les « Peaux-Rouges » de la Ville-en-Bois, et ceux qui s'y promènent.
Dans les années 1950, La Rochelle est une ville-port ayant pour particularité de bénéficier de plusieurs espaces portuaires créés à différentes époques : le vieux port édifié au Moyen Âge alors que La Rochelle n'est qu'un petit village de pêcheurs qui dépend de la seigneurie de Châtelaillon. Sa réussite au fil des ans vient de ses deux fonctions : celle de port de commerce puis celle de port de pêche industrielle. La municipalité réalise une extension du port en 1808. Elle se traduit par le creusement d'un bassin à flot intérieur. La ville se distingue alors dans l'univers portuaire en devenant le deuxième port de pêche français, alors que décline sa fonction purement commerciale, malgré les grands travaux entrepris à La Pallice. Puis c'est au tour de la pêche de décliner. Le relais se voit pris ensuite par la plaisance. Vieux port, bassin à flot, La Pallice, Chef de baie, Les Minimes... L'histoire se poursuit, intégrant maintenant sa dimension de plaisance.
Que l'on y fasse escale pour quelques jours ou que l'on y stationne à l'année, le port des Minimes est devenu un élément essentiel de l'économie et de l'image de La Rochelle. Point de rencontre et d'échanges pour les équipages, c'est aussi pour le bateau lui-même le lieu propice pour l'avitaillement, les travaux et les réparations.... Initié en 1969, il est aujourd'hui encore question d'extension, de travaux : un port de plaisance tentaculaire. Quatre décennies d'aménagement urbain et portuaire durant lesquelles le destin de la ville et de ses ports seront l'objet de de bien des choix politiques et de quelques fantasmes.
Car les activités nautiques qui ont connu depuis les années 1950 un développement considérable, se traduisant par un essor du nombre des amateurs, par la diversification des pratiques et l'extension des espaces maritimes, littoraux ou " intérieurs " concernés ; au-delà des aspects récréatifs ou sportifs, ces activités engendrent des retombées économiques significatives, elles contribuent à modeler les territoires, à animer des groupes sociaux.
Le port des Minimes de La Rochelle est le plus grand port de plaisance de la façade atlantique, il représente à lui seul presque la moitié de la capacité d'accueil de la Charente-Maritime. Initiés par la municipalité d'André Salardaine pour créer « la capitale du nautisme » en France, les premiers travaux commencent en 1969. Ils seront bientôt modifiés par la nouvelle équipe municipale, celle de Michel Crépeau. Comme tout grand projet d'aménagement, sa création entraîne des changements donnant lieu à de profondes mutations économiques et sociales. En matière nautique certes, mais aussi dans l'environnement immédiat qui voit des quartiers déshérités se transformer en véritable ville nouvelle.
« Le mérite de cette étude est bien de montrer comment un aménagement se dessine et évolue en parallèle avec le contexte économique et social, se voyant traversé par les représentations que la société se fait d'elle-même », écrit Isabelle Autissier dans sa préface. Elle évoque aussi des pistes alternatives au développement : « Faire naviguer un maximum de personnes, offrir les joies de la mer au plus grand nombre est un bel idéal auquel je souscris. N'y aurait-il pas possibilité de mutualiser ? Un petit encouragement financier sous forme de remise de prix sur l'anneau, un peu de prosélytisme serait de bonne politique pour encourager ces pratiques - de clubs de plaisanciers -au même motif que l'on encourage les transports en commun ou le co-voiturage ? »
Le port est un peu l'antithèse du voyage : c'est la ville de ceux qui restent. Mais on ne rêve jamais aussi bien qu'à quai. Un livre à la main : celui de Marie Dussier, préfacé par Isabelle Autissier, est le meilleur outil qui soit pour comprendre les rêves que Les Minimes continuent de générer.