William Bouguereau. Le peintre de la Belle Epoque
Le 23 août 1905, les drapeaux de la ville de La Rochelle sont en berne. Un corbillard, suivi d'un imposant cortège, mené par le maire et le préfet se dirige vers la cathédrale Saint-Louis. Sur le parvis, l'évêque de La Rochelle et Saintes s'apprête à célébrer les obsèques de l'illustre défunt. Le lendemain 24 août, à Paris, une nouvelle cérémonie se déroule en l'église Notre-Dame des Champs, en présence du président de l'Académie des Beaux- Arts, du maire du 6e arrondissement, du président de la Société des Artistes français, de l'ambassadeur d'Allemagne, de Camille Saint-Saëns, de Gustave Charpentier et de tout ce que le monde de la peinture académique compte de célébrités.
L'homme auquel ces hommages sont rendus a pour nom William Bouguereau. Comblé d'honneurs et bardé de décorations, il était considéré par beaucoup comme le plus grand peintre de son époque et régnait en maître sur le monde artistique français, bien que les critiques n'aient cessé de décrier son inspiration et sa facture classique. Les Américains, qui adoraient sa peinture, lui achetaient ses oeuvres à prix d'or. La plupart d'entre elles se trouvent aujourd'hui dans les collections privées et les musées américains.
Moins de dix ans après sa mort, Bouguereau tombe dans un oubli total. Sa cote est au plus bas, son nom disparaît des encyclopédies spécialisées, ses toiles sont reléguées dans les réserves des musées, jusqu'à ce que les Américains, encore eux, le redécouvrent avec bonheur, dans les dernières décennies du xxe siècle.
Cette biographie d'un peintre jadis célèbre et aujourd'hui oublié dans son pays, est la première publiée en langue française depuis la mort de l'artiste. Elle resitue Bouguereau dans son époque et offre au lecteur une passionnante description de la Belle Époque vue sous l'angle de la peinture, avec ses rites, ses salons et ses conflits, notamment celui entre académistes et impressionnistes.