La barbe d'Olympe de Gouges et autres objets de scandale
Chacun voit le scandale à sa porte. La notion est si plastique. Et si vendeuse. C'est que le mot « scandaleuse » est un stimulant aussi puissant que la racine de gingembre. Devenu un substantif fourre-tout, il désigne cette catégorie de personnes qui n'appartiennent à aucune. On l'a lu accolé, entre autres, aux noms de Zahia, de Christine Angot ou de mère Térésa. Or la vraie scandaleuse, selon Eli Flory, n'est ni une militante, ni une provocatrice, ni une manipulatrice. Le scandale lui tombe dessus parce qu'elle est simplement elle-même.
Elles s'appellent Catherine de Médicis, Brigitte Bardot, Marie Curie, Jeanne d'Arc, Agnès Sorel, Mata Hari, Violette Nozière, Gabrielle Russier, Mae West, Emilienne d'Alençon, Coco Chanel, la reine Christine de Suède, Madame Claude, Zelda Fitzgerald... Elles traversent les siècles, les milieux, les métiers. Elles furent reines, courtisanes, espionnes, savantes, criminelles, saintes, pop stars. En commun elles ont de s'être lancées dans la vie contre la doxa d'une époque ou d'un pays, sans autre filet que cet activisme du moi que chacune a usé à sa façon. Pour autant pas question d'entrer dans ce livre comme dans un mausolée au fronton duquel on lirait « Aux grandes dames l'Humanité reconnaissante ». Ces femmes ne sont pas nées pour lire leur nom gravé dans le marbre. Et si elles se répondent ici, dans ce livre où elles se rencontrent pour la première fois, c'est par échos, discutant à travers les siècles de ce que c'est d'être libre et d'être soi.