Arrêt non demandé
Roman à six portes, J'existe, je ne fais que ça raconte, sous différentes identités, l'histoire d'un être doté d'une vitalité hors du commun qui s'échine à donner le meilleur de lui-même - et, plus radicalement, à être là. À huit ans, il nous annonce : « J'aimerai raconter mes vacances si ça ne dérange personne, ou plutôt une chose qui m'est arrivé pendant les vacances et qui a failli gâcher ma belle jeunesse ».
Un peu plus tard, employé intérimaire chargé de répondre au courrier du père Noël, il s'adresse à un enfant en ces termes : « Tu me demandes si je vole ? Je vole si je veux, car telle est ma force. C'est comme ça depuis que je suis né. Je suis l'élu. Je te conseille de regarder des films comme Matrix ou Piège de cristal afin de mieux comprendre ce dernier point ».
Après trois ans de vie conjugale, notre être reçoit de sa douce un sms envoyé depuis la salle de bains :« Je pense qu'il est temps que nous ayons un enfant. Accuse réception, s'il te plaît, de mon cycle menstruel au format Excell. La bise - préservez notre environnement, n'imprimez pas ce message, etc. » Le résultat ne se fait pas attendre.
En cas de surchauffe, le jeune homme, exténué mais retors, nous livre d'amènes réflexions comme celle-ci : « Pour la première fois de ma vie, j'envisage de me plaindre du bruit auprès des voisins. La vieillesse me tombe dessus sans prévenir, comme on découvre son jardin blanc de neige un matin d'automne. La vieillesse n'est pas un combat c'est un massacre. J'ai trente-deux. L'agonie commence ».
On l'aura compris, s'il y a agonie c'est celle d'un personnage incroyablement juvénile, résistant, entreprenant, qui transforme sa vie en péripétie et son franc-parler en pépites imagées.
De ce subtil dosage entre légèreté et gravité, rire et sourire, de cet art de prendre la vie comme elle se présente - c'est-dire souvent de travers, Arnaud Modat fait sa marque de fabrique. Dès son premier roman en six histoires. Un auteur est né.