Disjonctions : Jean-Luc Moulène
À la fin des années 1980, la photographie fait soudain une irruption remarquée sur la scène de l'art contemporain. En Allemagne (Thomas Struth, Andréas Gursky, etc.) ou en Amérique du Nord (Lewis Baltz, Jeff Wall), elle explore de nouveaux registres de la relation au réel. Au même moment, la France se singularise grâce à quelques écritures singulières (Jean-Marc Bustamante ou Patrick Tosani). L'un va d'entre eux marque particulièrement son époque : Jean-Luc Moulène. Aujourd'hui reconnu internationalement, cet artiste s'est fait remarquer par un ensemble de photographies regroupées sous le titre de Disjonctions. Réalisées de 1985 jusqu'en 1995, ces 42 images vont durablement bouleverser la photographie au point de devenir avec le temps un ensemble séminal contaminant nombre de pratiques. Jean-Luc Moulène, artiste polymorphe et acteur de la scène artistique contemporaine, considère la photographie comme un objet d'étude des phénomènes naturels et culturels, tels qu'ils ont été redéfinis par notre société contemporaine et post-industrielle. La série de photographies Disjonctions, de Jean-Luc Moulène, est montrée pour la première fois dans son intégralité au centre d'art contemporain le Transpalette (Bourges) en 2014, puis à la Villa Médicis (Rome) en 2015. Avec « Disjonctions », Jean-Luc Moulène, déconstruit les codes de la photographie (natures mortes, photographies de rue, portraits, architecture...) et utilise le reportage de rue pour en saisir la variété et l'âme, et nous renvoyer à nos conditions d'existence. Par leur caractère ambigu, ses images ne reposent sur aucun code de lecture stable ou standardisé. Elles résistent à une « consommation » passive et appellent ainsi à une forme d'acuité du regard.