Oui, j'ai connu des jours de grâce
Tout a commencé avec la publication de La Pension des Nonnes, en février 1986, quatre-vingt seize pages de littérature pure, disait alors Jérôme Garcin dans les colonnes de L’Événement du jeudi.
Ce petit roman ? petit par la longueur ? scelle à jamais le destin des éditions Arléa, puisqu’il est un des quatre premiers livres publiés par la jeune maison. Des mille et quelques titres au catalogue, La Pension des Nonnes restera à jamais le livre étalon. Toujours nous nous y référerons, non pour établir de hiérarchie ou de comparaison, mais pour garder intacte la vraie sidération qu’avait produite sur nous la découverte de ce texte. Un écrivain était né, une maison aussi.
Depuis, en un peu plus de vingt ans, avec une fidélité exemplaire et si peu courante qu’elle mérite d’être soulignée, Pierre Veilletet a donné aux éditions Arléa six autres livres. Chacun de ces textes a été admirablement accueilli par la critique. Cœur de père, son troisième roman, a même figuré dans la dernière sélection du prix Goncourt.
Pierre Veilletet, écrivain rare, fait parti de ces auteurs dont les aficionados font penser à ces cercles d’initiés, peu partageurs. Peu de gros tirages, mais une musique prégnante, un style qui jamais ne s’oublie.
Ses livres sont des merveilles. Qu’il raconte le voyage d’un jeune Génois à Hambourg (La Pension des Nonnes), qu’il fasse sortir du Prado Les Ménines, de Velasquez, et conduise la naine Mari-Barbola dans le Lisbonne d’aujourd’hui, ou qu’il accompagne le retour sur la côte aquitaine d’un ancien soldat américain de la brigade Médoc venu reconnaître son enfant (Cœur de père), il semble faire la jonction entre Larbaud et Morand.
Pierre Veilletet est mort aux alentours du 4 janvier, à Bordeaux, la ville qu’il avait élue et qu’il aimait quitter, de temps en temps, pour d’autres villes, Naples, Lisbonne, Gêne ou Londres...
Écrivain nomade, il aimait par-dessus tout ce Sud-Ouest qui l’avait vu naître et qui le garde pour toujours.
Le moins que l’on pouvait faire était de redonner vie, en les réunissant, aux sept livres que Pierre Veilletet a publiés aux éditions Arléa.
Titres repris dans cet ouvrage :
La Pension des Nonnes, 1986.
Mari-Barbola, 1988.
Bords d ’eaux, 1989.
Querencia, 1991 (Mots et Merveilles, 1998).
Cœur de Père, 1992.
Le Vin, leçon de choses, 1994.
Le Prix du sang, 2002.