Le printemps de Lazare
Editeur : Jacques Flament Editions
« (...) Ce corps si vulnérable, je ne pensais pas seulement au mien en particulier mais à ceux des malades que j'avais soignés, semblait ignorer qu'un des ses organes avait engendré un tueur. Mon esprit l'avait accepté, en vacillant certes, mais il tenait bon. Mieux, il me révélait de vastes étendues, vierges de toute exploration, au coeur même d'un monde dont je croyais connaître les moindres recoins. En quelques semaines, cette découverte m'avait davantage enrichi que les milliers de malades que j'avais traités depuis plus de quarante ans. La perception des êtres qui m'entouraient s'était faite plus pénétrante, capable en un instant de percer à vif leurs sentiments, bons, indifférents ou hostiles. Ce constat me signifiait aussi que mon regard sur les autres n'avait pas été très attentif, ou ce qui revient au même, qu'une part inconsciente de moi-même s'était refusée à boire à cette source. (...) »