Décroissance ou toujours plus ? : Penser l'écologie jusqu'au bout
La vogue actuelle de l'écologie (et de l'écologisme) s'explique par deux facteurs essentiels : l'aggravation des pollutions de toutes sortes, qui saccagent les paysages, détruisent les écosystèmes, infectent les nappes phréatiques et menacent les océans ; et l'épuisement programmé des réserves naturelles, dont on sait aujourd'hui qu'elles ne sont ni inépuisables ni gratuites, à un moment où plus des trois-quarts de nos ressources énergétiques sont encore des ressources fossiles (gaz, pétrole, charbon, uranium).
S'y ajoutent les débats sur le réchauffement climatique, le traitement des déchets industriels et nucléaires, les perturbateurs endocriniens, les menaces sur l'alimentation, etc.
De nombreux auteurs se sont déjà attachés à étudier ces problèmes. Mais peu l'ont fait au point de prendre fermement position en faveur de la décroissance.
Le constat de base que font les « décroissants » est celui-ci : une croissance matérielle infinie est impossible dans un espace fini (comme l'est notre planète). Sans pour autant vouloir arrêter l'histoire ni retourner en arrière, vient un moment où il est nécessaire comprendre que « plus » ne veut pas automatiquement dire « mieux » et qu'il est parfois nécessaire de dire : « C'est assez ! » Alain de Benoist, à qui l'on doit déjà de nombreux essais d'histoire des idées et de philosophie politique, explique dans ce nouveau livre pourquoi le « développement durable » est voué à l'échec : en prétendant concilier croissance et écologie, il revient, dans le meilleur des cas, à réduire la vitesse sans pour autant changer de cap dans la mauvaise direction. La notion même de croissance, issue de la modernité occidentale, est ici déconstruite à partir d'une critique radicale, qui s'appuie notamment sur les notions d'« empreinte écologique » et d'« effet-rebond ».
L'ouvrage contient également plusieurs textes sur le sens profond de le pensée écologiste, ainsi que sur l'idée de « valeur intrinsèque de la nature ». L'auteur plaide, en conclusion, pour restituer un rapport de co-appartenance à la nature rompant avec l'idée d'un monde transformé en simple objet du vouloir humain : « Le monde naturel n'est pas un simple décor de nos existences, c'est l'une des conditions systémiques de la vie ».