Les Batards de Sartre
Sous Louis XIV, un officier de la garde royale avait été chargé de réprimer une petite émeute parisienne. Quand il arriva sur place avec ses hommes, il se trouva face à une foule assez mélangée. Des tire-laine, des coquins, des éclopés de la cour des miracles, des artisans, des bourgeois. Il prononça alors cette phrase mémorable : » Messieurs, j'ai reçu l'ordre de faire feu sur la canaille : je prie donc les honnêtes gens de se retirer ! » Il ne resta plus grand monde. Alors vous aussi, faites comme eux. Quittez la canaille. Et entrez dans ce livre. Il tire sur la canaille. Et seulement sur la canaille. Et vous autres qui les pieds dans vos charentaises dégustez à petites gorgées une camomille tiède et fadasse abstenez-vous. Ce breuvage est trop fort pour vos délicats palais ! Les pages des « Bâtards de Sartre » oscillent entre la colère et le mépris. Mais le plus souvent les deux se confondent. Le texte de Benoît Rayski est une insurrection contre ceux qui tentent de domestiquer nos âmes. Les antifascistes de pacotille. Les antiracistes de circonstance. Les anticolonialistes autoproclamés comme tels pour mieux nous coloniser. Les bien-pensants adeptes de la « rien-pensance ». Ils tiennent des journaux... Trônent dans les universités et dans l'édition. Ils ont leur rond de serviette sur tous les plateaux de télévision. Les micros des radios leur sont ouverts en discontinu. La plupart sont anonymes et méritent de le rester. Les plus connus ont pour noms : Edwy Plenel, Pascal Boniface, Virginie Despentes, Régis Jauffret, Laurent Joffrin, Christine Angot. Et blottis contre les bâtards de Sartre, les bâtards de Franz Fanon. Des supplétifs amoureusement traités avec condescendance paternaliste. Des rapeurs caressés dans le sens de leur vulgarité. Des voyous qui ont pris la place emblématique des prolétaires souffrants.