En pays défait
« La honte, la colère et le chagrin emmêlés, il y a longtemps que j'ai envie de vous les jeter au visage. Tels qu'ils me viennent. On est infidèle à certains sentiments dès qu'on leur impose un ordre ou une hiérarchie. Je n'en peux plus du manque d'affirmation de soi et de vitalité qui ronge cette vieille nation. J'ai honte de vivre dans un pays qui ne sait opposer, à la barbarie qui le frappe régulièrement, que des bouquets de principes inodores et de pieuses banalités. J'ai honte de cette France où, à la faveur d'un naufrage général des critères de jugement, les fausses valeurs n'en finissent plus de prospérer. » Cette lettre ouverte, adressée aux élites françaises, dénonce la démission collective dont elles se rendent coupables depuis une trentaine d'années , faute d'entretenir encore le lien si précieux à notre Histoire, à notre langue, à notre substance nourricière. D'où est venu ce désir de défaite mortifère ? Pierre Mari l'analyse sans concessions à la pointe d'un style inimitable.