Eloge érotique de Richard M.
Mariya, jeune Ukrainienne de vingt-trois ans, s'installe à Paris après avoir décroché une bourse auprès de l'ambassade de France en vue de préparer un mémoire sur Lévinas à la Sorbonne. Sa rencontre avec l'écrivain Richard M. lors d'un dîner va bouleverser son existence. L'homme, ostracisé par les médias, de 42 ans son aîné, et grand amateur de femmes de surcroît, ne veut pas entendre parler d'amour. Il s'est même persuadé qu'il ne connaîtra plus d'autre amante après Mariya. Leur histoire s'annonce donc passionnelle.
L'érotisme très sûr qui règne dans ces pages n'est que le miroir déformant de l'état de dénuement extrême, aux limites de la clandestinité, dans lequel est plongée la jeune fille. La précarité matérielle fait écho à l'insécurité émotionnelle.
Les séances interminables à la préfecture de police pour prolongation du titre de séjour, les heures de solitude quasi carcérale endurées entre les quatre murs de chambres de bonne toutes plus misérables les unes que les autres, le manque d'argent, l'absence d'un cercle d'amis et de réelles perspectives d'avenir, font de Mariya une sorte de prisonnière du désert. « L'agonie amoureuse » qu'elle vit au contact de Richard M. ne fait que s'aggraver au fil du temps. Malgré les moments de sincérité, de complicité et de compassion réels qu'il lui accorde, la jalousie ronge le coeur de la jeune fille. Quant à ce dernier, il ne se porte guère mieux, insomniaque et hanté, en proie aux tourments de l'échec.
Il faut lire ces pages à la tonalité tout à fait particulière, où le désir érotique n'est que le symptôme d'une aspiration plus vaste et plus élevée à une vie enfin réconciliée et rayonnante. La sensualité presque féerique avec laquelle l'auteur décrit le monde dont elle est exclue a quelque chose de bouleversant.