La tête à l'envers, les pieds au mur
Editeur : 13e Note Editions
L'action se déroule dans le désert. Jamais très loin de LosAngeles, jamais très loin non plus de laVallée de la Mort. Avec Rob Roberge, il est souvent question de vie et de mort ; tout en nous faisant rire, il ne cesse de poser des questions. Que font les gens de leur vie ? Comment fait-on pour s'en sortir ?... Dans chacune de ses histoires, l'auteur nous met le dos au mur. Il faut agir vite, ne pas se tromper. Roberge nous coince dans un présent où chaque personnage, en « junky de la poisse » condamné à trouver une combine pour s'en sortir, traîne le passé chaotique qui lui colle à la peau. Sa galerie de « gueules » est éloquente : Boxeurs K.-O., grand brûlés, victimes d'accidents, bourlingueurs à la petite semaine, cinglés du désert, ex-acteur à succès qui sombre, dealers tarés, arnaqueurs, etc. Sans oublier Bueno, un chimpanzé boxeur plus rusé que le journaliste épuisé venu l'interviewer. Roberge fracasse tous les clichés, toutes les illusions afin de refléter dans son écriture la réalité de la Californie du Sud. Une Californie décatie, échouée au bord de l'autoroute. Le lecteur fonce en voiture, est entraîné dans des bars déserts, erre parmi les cactus... Chaque histoire est un long métrage condensé en quelques pages. Dans son roman précédent (Panne sèche, Série noire, 2006, Gallimard), Roberge campait déjà à la perfection des losers et autres misfits au bord de l'implosion, embarqués dans des situations impossibles. Au fil de ces nouvelles, il se montre conteur fascinant, doublé d'un maître du scénario. Ses intrigues paradoxales sont hilarantes, tandis que la sobriété de son phrasé laisse admiratif.