D'un communisme décolonial à la démocratie des communs : Octobre 1917-2017
Tous les passés n'ont pas le même avenir, peut-on dire avec Daniel Bensaïd : Octobre 1917 ne se laissera pas facilement enterrer. Son immense legs, qu'il faut actualiser, est d'avoir « osé » mettre à l'ordre du jour la remise en cause de l'ordre existant - sans recettes, et non sans tragiques erreurs, en se confron- tant aux guerres et violences sociales des dominants, à l'échelle nationale et internationale. Or, cent ans plus tard, bien que l' « hypothèse communiste » semble écartée, bien des points communs nous rapprochent des enjeux d'Octobre.
L'hypothèse menchevique selon laquelle il fallait attendre d'un développement capitaliste les progrès sociaux et démocratique préparant l'avènement du socialisme n'est plus défendue par quiconque, la social-démocratie ayant préféré basculer vers l'ordre néo-libéral. Le capitalisme s'est à nouveau mon- dialisé d'une façon encore plus organique que jamais rendant impensable la « construction du socia- lisme dans un seul pays » - même si toutes les résistances doivent trouver un fort ancrage national. Une « troisième guerre mondiale » - sociale, et désastreuses pour l'environnement - se déploie depuis les années 1980, excluant tout choix démocratique, comme l'avait exprimé le slogan de Margaret Thatcher TINA « There Is No Alternative ».
Le mouvement de résistance né notamment au Chiapas et organisé depuis les années 1990 dans de multiples réseaux contre cette nouvelle mondialisation a pu espérer « changer le monde sans prendre le pouvoir ». Et il existe de multiples combats pour « fissurer » le capitalisme : des réseaux s'emparant des logiciels libres à ceux reliant les « villes rebelles ; des résistances impulsées par Via Campesina, à la Commune. On a aussi vu le retour de réponses étatistes ou « populistes de gauche » ainsi que l'appel de Hugo Chavez à penser un « socialisme du XXI e siècle ».