Sara ou l'émancipation
Tandis qu’il embarque à bord de l’Yngve Frey au départ de Stockholm, le sergent ne peut pas détourner son regard d’une jeune femme qui voyage seule à l’avant du pont. Le mystère qui entoure Sara Videbeck ne fera que s’amplifier à partir du moment où ils feront connaissance. Faisant preuve d’une indépendance rare pour l’époque, elle dirige seule la boutique de maître verrier héritée de son père et entend bien continuer à le faire, sans s’enfermer dans les liens du mariage.
À sa publication en 1838 dans une Suède protestante et conservatrice, cet éloge de l’union libre entre un homme et une femme a suscité l’indignation. Ce court roman féministe avant l’heure demeure en effet d’une étonnante actualité.
Carl Jonas Love Almqvist (1793-1866) a fait ses études à l’université d’Uppsala avant de rejoindre un groupe d’amis rousseauistes, qui décident de mener une vie de paysans dans une ferme. Après l’échec de l’entreprise, il revient à Stockholm, y dirige une école, travaille comme journaliste à partir des années 1830, et surtout écrit. Accusé de tentative de meurtre, il s’enfuit aux États-Unis et ne revient en Europe qu’en 1865. Auteur d’une œuvre abondante et variée (dont Le Joyau de la reine, Le Palais, et surtout Sara ou l'émancipation), C. J. L. Almqvist est considéré comme le plus grand écrivain romantique de son pays.