Les procès staliniens
Un siècle après la Révolution russe, les fameux « pro- cès de Moscou » demeurent l'épisode fondateur et traumatique du totalitarisme stalinien. Cet épisode n'avait fait en français l'objet d'aucun ouvrage spé- cifique depuis plus de 30 ans , alors que depuis la chute du communisme, de nombreux témoignages et archives sont devenus disponibles.
En voici donc un récit aussi complet que possible, rythmé par de nombreuses scènes dramatiques et re- bondissements. Tout commence avec l'assassinat de Kirov, le seul rival de Staline en popularité au sein du parti. En éliminant une figure gênante, ce meurtre ou- vra la voie à plusieurs grandes purges judiciaires du parti censées lutter contre d'improbables complots...
Il s'agit en fait d'éliminer anciens rivaux et vieilles gloires de la Révolution d'Octobre, comme Kamenev et Zinoviev.
Procès-spectacles, dirigés par le procureur géné- ral Vychinski, les procès de Moscou préfigurent les grandes purges de 1937 et 1938. Des dossiers d'ac- cusations sont créés de toutes pièces par le NKVD, la police secrète de Staline. Accusations de haute trahi- son, de sabotage, d'assassinats, d'espionnage : tout est mis à profit pour atteindre les objectifs fixés. Ces procès permettent une reprise en main plus étroite de l'appareil du Parti communiste. Les purges doivent tétaniser toute velléité de résistance, et encourager la servilité. En période de pénuries graves, elles per- mettent de désigner un bouc émissaire : ce sont des « saboteurs » qui détruisent les vivres et empêchent le ravitaillement des citadins.