Le Retour au pays de Jossel Wassermann
La guerre. Un froid glacial s’est abattu sur le village de Pohodna. Les habitants juifs de ce shtetl ont reçu l’ordre de rejoindre le wagon qui les attend à la gare. À l’intérieur, oubliant l’obscurité et la crainte, le rabbin confie à l’esprit du vent : « Les goys sont stupides. En ce moment ils pillent nos maisons. Et ils creusent le sol de nos jardins. Et ils croient que nous avons laissé là-bas tout ce que nous possédions. Et ils rient dans leur barbe. Mais ils ne savent pas que nous avons emporté le meilleur. » « Et c’est quoi, le meilleur ? » demande le vent. Et le rabbin de répondre : « Notre histoire. Elle, nous l’avons emportée avec nous. »
Pour ceux qui admirent les romans d’Edgar Hilsenrath, Le Retour au pays de Jossel Wasserman apparaîtra comme un nouveau chef-d’œuvre. L’auteur y réincarne avec force l’univers des shtetls, ces petites communautés juives éparpillées dans l’est de l’Europe avant que la deuxième guerre mondiale et la Shoah ne les réduisent à néant. Texte tardif dans l’œuvre d’Hilsenrath, il est peut-être le plus émouvant de tous par sa douceur et son humble drôlerie, son désir de faire revivre un monde qui a bercé l’enfance et l’imaginaire d’un auteur désormais culte. Cette nouvelle édition, dans une traduction revue par Chantal Philippe, paraît à l’occasion des 90 ans d’Edgar Hilsenrath.