Le Paris de Balzac
«A nous deux maintenant !» Tel est le défi qu’Eugène de Rastignac lance à Paris après l’enterrement du père Goriot. Comme lui, Honoré de Balzac a été «un grand homme de province à Paris», un ambitieux avide de succès littéraires et mondains. Paris a représenté pour ses personnages comme pour lui une conquête et une inépuisable source d’inspiration. Du Marais de sa jeunesse au Quartier latin, de Montparnasse aux villages du grand Paris où il se réfugiait pour échapper à ses créanciers, ce flâneur a toujours observé avec passion les spectacles offerts par la capitale pour mieux la décrire et en saisir l’esprit. S’il a rêvé du faubourg Saint-Germain et de ses duchesses qu’il espérait séduire par sa célébrité précoce et sa particule postiche, il a été moins un mondain qu’un ermite. A son bureau jour et nuit, en robe de moine devant son légendaire café, dans des chambres décorées comme des boudoirs de sultanes, il poussait la folie des grandeurs jusqu’à s’obstiner sans répit dans l’écriture d’une oeuvre.