Le souffleur. Dans l'ombre des négociateurs du RAID
Christophe Baroche voulait être flic. C'était un rêve d'enfant et plus qu'un rêve, une hantise. Il voulait comprendre le fait criminel et il voulait servir à le combattre.
Il n'a pas été flic mais psychologue. Il faut croire pourtant que son obsession avait la vie dure car c'est dans la police française qu'il a exercé son métier. Et pas n'importe où.
En 1998, après des années d'approche, il intègre le RAID, l'unité d'élite de la police nationale ! C'est une première. Les psy n'ont pas encore très bonne presse parmi les policiers et sa marge de manoeuvre est limitée. Il va donc s'introduire dans le créneau étroit de la négociation de crise, une doctrine encore en friche en France où l'on a coutume de régler les crises par l'intervention de la force.
Avec les premiers négociateurs du RAID et en se nourrissant des expériences américaines et sud- africaines, il va construire cette matière, établir des profils de forcenés et preneurs d'otages, à partir d'observations en situations de crise.
Puis, dans une sorte de cercle vertueux, il appliquera ses théories au terrain et en vérifiera ainsi l'efficacité et le bien-fondé. Ces « cas » qu'il expose dans son livre évoquent aussi bien l'inconnu au bout du rouleau retranché chez lui avec des armes que des affaires beaucoup plus médiatiques sur lesquelles ses compétences ont été grandement sollicitées, tel le dangereux terroriste de Toulouse cerné par le RAID et bien d'autres encore... Il leur confère la même importance, une écoute identique car il ne peut exister de hiérarchie dans la valeur que l'on accorde aux êtres humains.
En se positionnant au coeur de ce dispositif, Christophe Baroche est devenu le Souffleur, une position qu'il a tenue 16 ans durant au RAID.
Bien au-delà d'une compilation de souvenirs, Le Souffleur est un témoignage écrit avec Danielle Thiery, l'une des premières femmes commissaire de police, prix du quai des orfèvres 2013. Celui d'un homme qui est allé au bout de ses rêves dont la pudeur et la modestie ont valeur d'exemple pour ceux qui croient encore à la vertu de la parole contre la dictature de la violence et surtout, peut-être, pour ceux qui n'y croient plus, particulièrement en ces périodes troublées.