Beauté du presque rien
La parole «parle» dans le poème. Dans la prière aussi. Il faudrait se la représenter par cette image qu'emploie Janine Modlinger pour évoquer ce geste vers l'autre: la parole comme des «mains du silence». «Tel l'oiseau qui fulgure, tel le regard de l'aimé, quelque chose de ténu et d'insistant nous annonce la Présence».
Après Éblouissements, Beauté du presque rien recueille ces éclats de la Présence perçus dans un instant, une rencontre, un visage - un paysage. «Presque rien»: c'est ainsi que nous découvrons le passage de l'Autre, dans l'écart de la distance que la parole cherche à rattraper. Un peu comme Maurice Blanchot, Janine Modlinger invite son lecteur à faire «ce pas audelà » du nom donné, jusqu'à cet état que l'on appelle prière: pour que dans les «mains du silence» la Parole vienne se poser.