Le bruit des bonbons ; The astounding eyes of Syria : Edition français-anglais-arabe
À l'occasion de la quatrième édition de la biennale Design City, organisée en collaboration avec le Casino Luxembourg et le Mudam, Benjamin Loyauté et les Éditions Dilecta publient le catalogue de l'installation « Le Bruit des bonbons ».
L'installation « Le Bruit des bonbons » - The Astounding Candy Power aborde la force du langage et les bienfaits de la confiserie dans nos sociétés en temps de crises et de conflits. Elle explore les condensations de l'histoire, la résistance de nos héritages passés. Agent de réconfort, de don, de nostalgie, de partage, le bonbon agit comme un transmetteur universel, un objet de liberté, de consolation et de secret. Si le bonbon humanise les relations entre les individus, il est aussi un moyen de rassembler, de remercier et de transmettre. Plus fort que les conflits qui anéantissent, la confiserie survit à la guerre, tisse des temporalités à la fois romanesques et réelles autour de traditions partagées.
Beaucoup de Syriens se retrouvent aujourd'hui autour de cet héritage vivant dont les souvenirs collectifs et individuels engagent la survie d'un immatériel que l'on ne saurait faire plier, réduire et oublier.
Les bonbons du souk d'Al-Hamidiyah et la Booza de Syrie sont aujourd'hui plus que jamais dans la mémoire des Syriens en Jordanie, en France, au Canada, en Italie... Ces confiseries sont des agents transmetteurs, des objets liens, des réconforts naturels, des pansements humains, des objets d'espoir.
Durant plusieurs siècles, les peuples arabes introduisent le sucre dans la pharmacopée et, au xvie siècle, le sucre était vendu par les apothicaires. Il est reconnu pour soigner les plaies. Le bonbon avait ses vertus que l'histoire ne lui a pas, depuis, reprises. Trouvée en Syrie, l'Idole aux yeux découverte par Mallowan en 1937 est un petit objet qui intrigue toujours et dont la fonction n'a jamais été véritablement tranchée . L'objet est aussi spéculatif que tangible. Imaginés par Benjamin Loyauté, ces petits bonshommes en meringue à la rose de Damas sont ici les transmetteurs d'un récit dont la fonction serait de prolonger le temps, les souvenirs, comme de préserver l'avenir...
En collectant les « souvenirs sucrés » des Syriens sur des cartes postales, l'artiste et designer participe a` la protection d'une culture dont les souvenirs forment une armure. L'installation est une expérience aux objets « fictio-fonctionnels », objets-mots aux forces illocutoires et perlocutoires. Benjamin Loyauté utilise pour la première fois le terme design sémantique en 2014. Il définit alors le design comme un langage et développe ses premières installations autour des actes de langage. Il engage depuis une réflexion sur la géopolitique du design, nos sociétés contemporaines et l'ensemble de ses actes conditionnés par la langue, la culture, le temps et l'espace.