Quarante poèmes courts pour une longue séparation
A un moment de ma vie, surgit d'outre-Atlantique une femme qui m'inspira ces courts poèmes érotiques. Le temps où j ai écrit ces Quarante poèmes courts pour une longue séparation est révolu, mais il continue à vivre dans ma mémoire. Dans ma chair aussi. (N. Gürsel) La mémoire, champ mental, est parcourue par des lignes - autant d'intervalles à élargir, ces traces du vide. La mémoire, champ sensible, habite aussi le corps - empreinte d'une absence. Les souvenirs naissent du manque - du vide. Ici une trace, là-bas une carte. La mémoire est un passé qui n'est pas passé, qui passe encore et se présente. Les Quarante poèmes courts de Nedim Gürsel, si simples dans leur apparente évidence et si sensuels dans l'exigence de leur urgence, sont traversés par "une puissance créatrice semblable aux tourbillons roulés par le vent" (Les Oiseaux, Aristophane) - Eros qui avec son double, Himéros, le désir incontrôlable, rendent manifeste la dualité, la multiplicité incluse dans l'unité, et comblent le vide en retournant le désir nostalgique, Pothos. L'écriture de ces brefs textes anime une matière ancienne : telle une onde gravitationnelle qui traverse toutes les dimensions y compris le temps, elle fissure et fusionne le monde dans sa chair, le fait renaître vierge dans le passage incessant des amants qui transgressent la frontière pour nous rendre l'arborescence indécente de nos labyrinthes abandonnés et chanter la voix qui écorche la peau et recouvre le corps. Elle est l'encre d'un dessein qui s'immisce dans l'épaisseur infime de la feuille où ses pulsations ressuscitent la réversibilité des oppositions. L'éditeur