Alcools
L'édition du centenaire d'Apollinaire
Présentation de l'éditeur
Les premiers lecteurs d'Alcools (1913), qui faillit s'intituler Eau-de-vie, furent déconcertés par l'enivrante variété, la liberté et les facettes discordantes de ce recueil exempt de ponctuation, contemporain de l'invention du cubisme et qui s'achève par cette supplication : « Hommes de l'avenir souvenez-vous de moi. » Vers libres ou quatrains réguliers, longues ballades et brèves complaintes, érudition et trivialité, fantaisie et gravité, vieilles légendes et modernisme s'y entrechoquent dans un chaos simultanéiste. En témoignent surtout « Zone », « Cortège » et « Vendémiaire », qui signent l'entrée de la poésie dans le siècle des villes et des machines. Alcools n'en est pas moins dominé par une intense mélancolie, que traduisent les vers célèbres du « Pont Mirabeau », de « La Chanson du mal-aimé » ou encore de « À la Santé ». Deux brefs recueils complètent ce volume : Le Bestiaire, ou Cortège d'Orphée (1911) et Vitam impendere amori (1917), qui peut se traduire par « consacrer sa vie à l'amour ».