Pâture de vent
Tout est vanité et pâture de vent, dit l'Ecclésiaste.
Rien de nouveau sous le soleil, toujours la même histoire, la même rengaine, le même drame qui se joue. Toujours la stupeur de vivre, la mort, l'amour, la toute-puissance du désir, la fulgu- rance de l'instant, l'immanence des présences, la joie et le désarroi, la grandeur et les faiblesses du coeur humain, la folle sarabande des terreurs enfantines, la présence des fantômes, la détresse et l'espoir, la rage et la fureur toujours tenaces malgré l'écoulement irrépressible du temps, la conviction quasi inébranlable enfin que la lecture et l'écriture sont les seuls recours qui vaillent (pour le narrateur du moins).
Pâture de vent est un chant d'amour halluciné, une sorte de danse macabre fiévreuse et envoû- tante ponctuée d'éclats lumineux et de moments de grâce. On y croisera les figures du grand-père, de la mère, du petit frère mort-né, d'un ancêtre rital exilé devenu président, et bien d'autres encore. On y entendra aussi, nécessairement, la voix des morts, faisant choeur avec celle des vivants, pour tenter modestement de rendre justice à l'intensité des événements et, peut-être, d'attester de frêles épiphanies.