Gotico-Antiqua, proto-romain, hybride: Caractères du XVe siècle entre gothique et romain
La première étude scientifique globale et approfondie des caractères typographiques créés en Allemagne, en Italie et France entre 1459 et 1482, qui ne sont pleinement ni gothiques ni romains : conduit par l'Atelier national de recherche typographique, ce projet permet la réhabilitation d'une quinzaine de caractères initiée au cours de workshops en écoles d'art et de design internationales, la constitution d'un corpus rassemblant et organisant les caractères les plus représentatifs ainsi que l'analyse comparative des caractères, de leurs possibles origines paléographiques à leurs contextes d'utilisation (lieux, imprimeurs, éditions).
Le livre réunit des chercheurs dans le domaine de la typographie, de la paléographie et de l'histoire du livre, en mettant l'accent sur les caractères et les formes de lettres. La période relativement peu étudiée - après Gutenberg et avant la stabilisation du modèle de Jenson - s'étend des premières traces de tendances humanistiques aux romains ‹purs›, en passant par de nombreux cas de dessins incertains, hybridations volontaires et formes proto ou archaïques du romain. En 1459 à Mayence, Johann Fust et Peter Schöffer ont imprimé le Rationale Divinorum Officiorum de Guillaume Durand, utilisant un caractère typographique (connu aujourd'hui en tant que ‹Durandus›) qui ne ressemblait à aucun autre caractère antérieur. De là, nous pouvons suivre une grande variété de développements, en partie relative aux voyages des premiers imprimeurs de la région du Rhin vers l'Italie et la France. Par extension, le mouvement des presses privées initié par William Morris et Emery Walker à la fin du XIXe siècle en Angleterre, a redonné vie à certains de ces caractères avant qu'ils ne retombent dans l'oubli.