Esclavages et antiesclavagismes. Réalités, discours, représentations
Après le triple anniversaire de la naissance de l’abolitionniste américain Frederick Douglass (1818), de l’abolition en France grâce à Schœlcher (1848) et de la Déclaration universelle des droits de l’Homme (1948) dont l’article 5 proclame l’interdiction de l’esclavage et de la traite des esclaves, et à l’heure où la question des « réparations pour l’esclavage » a été ravivée par le mouvement Black Lives Matter, ce volume collectif propose de croiser sur l’esclavage des contributions historiques, des analyses de discours et des études portant sur diverses représentations (littéraires, cinématographiques). Les quinze études réunies ici se conjuguent pour nous rappeler à quel point l’abolition de l’esclavage et l’interdiction de la traite (triangulaire ou intérieure) sont récentes, et montrer comment des œuvres de fiction rendent sensible le traumatisme de l’esclavage. Elles portent sur des périodes et des aires variées : récits historiographiques de l’Antiquité romaine (sur l’esclavage pour dettes, et sur les conditions de l’affranchissement) ; réalités historiques et argumentations des XVIIIe et XIXe siècles, en France (évocation des esclaves dans l’Histoire générale des voyages de l’abbé Prévost, situation des Noirs venus d’Afrique et des Îles sur le sol français et particulièrement dans le Midi, prises de position parfois ambiguës des journaux révolutionnaires entre 1791 et 1792, stratégies de discours dans les écrits émanant des ports négriers de la Basse Seine), ainsi qu’aux États-Unis (avec l’analyse critique d’un Philip Mazzei et la théorie pro-esclavagiste de J. C. Calhoun) ; représentations fictionnelles de l’esclavage et notamment des femmes esclaves, dans le roman marocain, chez Toni Morrison et Maryse Condé, mais aussi dans le cinéma hollywoodien ; prolongements et débats contemporains : séquelles de l’esclavage en Mauritanie, activisme culturel en Argentine pour la visibilisation des Afro-descendants, enfin état des lieux sur l’esclavage dans le monde et ses marques dans les sociétés occidentales, encore accentuées à l’ère de la pandémie.