L'imaginaire de l'âge d'or à la Renaissance
Depuis l'Antiquité, l'âge d'or est l'un des mythes les plus présents et les plus répandus dans l'imaginaire collectif occidental. Cet ouvrage, en en retraçant les évolutions successives, permet de mieux comprendre la popularité dont il a joui dans la culture visuelle de la Renaissance. C'est tout d'abord dans les séries de gravures illustrant les quatre âges de l'humanité, notamment dans les éditions modernes des Métamorphoses d'Ovide, qu'a été mise en place l'iconographie de l'âge d'or, qui connaîtra ensuite une grande fortune dans l'Europe entière. Image ovidienne, bucolique et nostalgique du bonheur originel, ce mythe fut par la suite, notamment par le prisme de la tradition virgilienne, un formidable outil de propagande politique. Sa valeur hyperbolique ainsi que sa malléabilité en firent l'un des thèmes favoris de la glorification du pouvoir, temporel comme spirituel : Rodolphe II, les Médicis, les Farnèse, les Valois... autant de cas éclairant la place, le fonctionnement tout comme les manipulations dont ce mythe fut l'objet. Mythe polymorphe, polysémique, l'âge d'or en vint ainsi progressivement à se réduire à un ensemble abstrait de valeurs positives définissant un temps idéal : justice, paix, abondance, amour, harmonie. Ainsi, au travers des topoi qu'il véhicule, l'âge d'or enrichit de toutes ses hyperboles d'autres mythes, jusqu'à devenir un concept. En mettant en regard les traditions figuratives et interprétatives de l'âge d'or, du XVe au début du XVIIe siècles, et de l'Italie à l'Europe du Nord, cette étude met en exergue la vitalité du mythe et son rôle dans l'élaboration de l'imaginaire mythologique en Europe. Il en résulte qu'il n'y a non pas un mais des âges d'or ; son unité tient à la place fondamentale qu'il occupe dans l'imaginaire collectif en tant qu'archétype d'une société idéale.