L'An I des révolutions arabes (Décembre 2010 - Janvier 2012)
C'est une rupture historique, aussi forte, decisive et inattendue que la Revolution francaise et l'ecroulement sovietique. Le monde arabe n'etait, il y a un an encore, que dictatures immuables et illumines sanguinaires. Avant qu'un marchand de legumes tunisien ne le souleve en s'immolant par le feu, il semblait si bien se resumer a ce face-a-face entre le potentat et le fanatique que l'incompatibilite entre islam et democratie avait fini par paraitre indiscutable a beaucoup. C'etait il y a un an mais l'embrasement general des pays arabes est venu demontrer que rien n'etait plus universel que l'faspiration a la liberte. Sous les decombres de l'ordre ancien, emergent des societes en mouvement, une jeunesse urbaine formee par internet et des conservateurs petris de traditionalisme . une gauche, une droite, des laics divises et des islamistes qui ne le sont pas moins. Comme a la France d'apres 1789 et a la Russie d'apres 1989, il faudra du temps au monde arabe pour s'enraciner dans la democratie mais il s'est eveille, jeune, vibrant et, deja, pluraliste. Le spectre de la guerre des civilisations s'est eloigne. Une longue histoire a commence en 2011. Elle sera chaotique et incertaine car totalement nouvelle. C'est l'An I de cette epopee que racontent les chroniques de Bernard Guetta en eclairant, au jour le jour, les premisses turques et iraniennes, les consequences internationales et les infinies contradictions.