Jour bleu
« Bleu couleur froide, bleu couleur masculine, bleu couleur de l'eau », l'historien Michel Pastoureau constate que ces associations qui semblent aujourd'hui aller de soi ne font qu'entériner de tardives mutations accomplies au XVIIIe siècle seulement... avant lequel le bleu était une couleur dite « chaude »...
C'est aussi le fait du poète de ne pas s'embarrasser des conventions, voire de les contredire pour prendre toutes les libertés de ressentir les bleus si personnels de Thomas Dhellemmes. Dans ses commentaires manuscrits, rayures et biffures disent la spontanéité de Tahar Ben Jelloun qui a laissé son imagination inventer cette « femme assise sur le tapis persan de la morale » ou ces « fantômes qui arpentent la nuit pour faire croire qu'ils existent ».
De peintres, il est aussi question, bien connus de celui qui les aime de longue date et leur a consacré tant de textes. Ainsi surgit la vision fugace de Francis Bacon à Tanger ou d'un Turner « échappé d'un musée intérieur ». Et puis ce sont les lieux, si loin, si près, Angkor ou la baie des Canebiers qu'il peuple d'une sorcière ou de vieux marquis inventés et parfois de l'esprit des ancêtres. Il est vrai que chez Thomas Dhellemmes l'insatiable quête du charme n'interdit pas les libres expressions d'une vie intense et vagabonde.
Ce sont donc deux langages artistes qui se sont unis, nés d'une proximité amicale, dès la vision des épreuves des photographies dans le désordre du -travail, avant même leur assemblage pour le livre. Dans ce Jour bleu, c'est la poésie qui répond à la poésie.