Le complexe du cochon: Faut-il manger du jambon pour être français ?
Rien ne va plus au pays des rillettes du Mans, de l'andouille de Vire et de la saucisse de Morteau ! La France, cette vieille nation qui se rêve toujours en phare mondial de la gastronomie et du savoir-vivre assiste, un brin inquiète, à un drôle de spectacle. Voilà que le ton monte autour de l'ingrédient incontournable de sa cuisine nationale : le cochon ! Dans toutes les provinces de France, si fières de leurs spécialités culinaires, il ne se passe pas une semaine sans que celui-ci ne provoque ici ou là un malentendu ou une chamaillerie : présence de jambon au menu de la cantine, étalage de cochonnailles lors d'une réunion publique, fabricants de bonbons pris en flagrant délit dans la composition de leur gélatine, supermarchés qui bannissent le cochon de leurs rayonnages..., la liste est longue. Mais que se joue-t-il derrière cette querelle qui a envahi les médias et pris un tour idéologique inquiétant ? Manger du porc, est-ce une preuve d'intégration ? Être français, ce serait manger du porc ? C'est en tout cas ce que pensent les extrêmes droites françaises, qui ont fait de la défense du cochon dans l'alimentation française leur cheval de bataille. Les auteurs de ce livre, revenant d'abord sur l'histoire de l'interdit du porc dans les religions juives et musulmanes, proposent ainsi en creux une réflexion sur l'intégration et l'assimilation en France.
Misgav Har-Peled, titulaire d’un doctorat en histoire de l’Université John Hopkins (Baltimore) et de l’EHESS (Paris), est historien des religions. Il est notamment l’auteur d’une thèse intitulée Le cochon comme problème : Grecs, Romains et l’interdit juif du porc (EHESS, 2011).