Les pathologies de la liberté
À certains égards, une grande partie de la philosophie politique de la seconde moitié du XXe siècle a vu un " retour à Kant ", notamment sous l'impulsion de Jürgen Habermas et de John Rawls, qui conduit à des conceptions très formelles des problèmes de philosophie politique. À l'inverse, et réagissant à cette tendance dominante, le philosophe allemand Axel Honneth montre qu'il est non seulement possible mais aussi souhaitable de réintroduire la pensée politique de Hegel au sein des débats qui animent la théorie politique et sociale contemporaine.
À ses yeux, la politique hégélienne conserve une grande actualité - indépendamment de la perte de crédibilité de ses présupposés métaphysiques dans la mesure où elle permet une contextualisation sociale des principes de justice et offre un cadre institutionnel aux principes abstraits du droit moderne et de la morale. Dans Les pathologies de la liberté, Axel Honneth propose une interprétation radicalement nouvelle des Principes de la philosophie du droit, la principale oeuvre de philosophie politique de Hegel. Cette réactualisation permet de déterminer le rôle et de délimiter la place du droit dans le fonctionnement social.
Mais surtout, dans un contexte d'individualisation croissante des sociétés contemporaines, elle permet de reconnaître pleinement le principe de l'individualisme moderne mais aussi d'en identifier - et d'en corriger - les dérives pathologiques, telle que l'injonction à l'autonomie dans le travail, dont on connaît bien les effets destructeurs sur la vie psychique des individus.