L'économie, science des intérêts passionnés
Et si la science économique avait tout mis à l'envers ? C'est la proposition que font les auteurs de ce petit livre, en se situant explicitement dans la voie ouverte par le grand philosophe et sociologue Gabriel Tarde.
Ils proposent une inversion complète de nos habitudes : rien dans l'économie n'est objectif, tout est subjectif, ou plutôt intersubjectif. Les idées mènent le monde ; la superstructure détermine « en première et en dernière instance » les infrastructures - lesquelles, d'ailleurs, n'existent pas...
L'économie récente, celle que Tarde observe depuis sa chaire au Collège de France, à la fin du XIXè siècle, celle de la lutte des classes, de la première grande globalisation, de la migration massive du genre humain, celle des innovations frénétiques ponctuées par les grandes Expositions universelles, du découpage des empires coloniaux, n'offre en aucune manière le spectacle d'un avènement de la raison. Elle offre plutôt le spectacle de passions d'une intensité inouïe.
Qu'est-ce alors que l'économie ? C'est la science des intérêts passionnés. Et c'est cet entrecroisement qui constitue le coeur de la science économique ; c'est précisément ce que les économistes ont à la fois entrevu et, chose étonnante, aussitôt fui avec horreur, comme s'ils y avaient vu la tête de Gorgone.