Sang et eau
Deux femmes et deux hommes se retrouvent à l'occasion de l'anniversaire de la mort d'un de leurs proches : épouse, amante, frère, ami, les rôles paraissent établis. Le défunt était jeune - trop jeune, comme on dit, pour mourir. Rien au premier abord, donc, que de très ordinaire, n'était l'endroit : un terrain vague oú ont été dispersées les cendres du disparu. de cette circonstance singulière procède le dérèglement de la petite machine à mémoire constituée des quatre protagonistes : chacun semble soudain rendu à son étrangeté, comme l'écho distordu de son propre personnage. Qui parle en nous, au nom de quelle image ? de quelle injonction à croire procèdent nos professions de foi ? qui donc anime nos rêves et les maintient sous l'eau ? qu'est-ce qui nous travaille ? Au fil, des projections, un réel se compose peu à peu, rhyzomique, tissé de lambeaux d'inconscient, de défroques, de dérives, de mauvais rêves, de mots éperdument jetés, de ces multiples visages de l'autre, enfin, trop désespérément autres pour qu'on les fasse siens, trop quotidiennement proches pour nous convier à leur conquête. Cinq âmes entrelacées qui fouillent la nuit des mots en quête d'un refuge. Tranche de vie en enfer - car elles brûlent, les figurent du théâtre, sous les yeux des vivants. j'appelle pour ma part le feu " pablo ". a chacun ses histoires.