Son nom d'avant
Quand elle le voit pour la première fois, c'est dans un autobus : son regard impitoyable entrant en elle, juste avant qu'il ne descende : quelques secondes encore avec la vitre entre eux. Et puis rien. Les circonstances dans lesquelles ils se revoient par hasard vingt ans plus tard ne leur permettent pas de s'approcher l'un de l'autre et sans doute en resteraient-ils là si cela ne tenait qu'à elle, devenue entre-temps épouse de notable et mère de trois enfants. Mais lui, maintenant, il veut quelque chose.
A propos de Son nom d'avant : Marie-Laure Delorme écrivait dans Le Journal du Dimanche (6 septembre 1998) : "Son nom d'avant est une magnifique réflexion sur l'engloutissement de l'âme par le passage du temps. Que dire de Britt, le personnage principal ? Mariée, elle est moins aimée. Mère, elle est moins entourée. Riche, elle est moins libre. Les années écoulées ont fait de son existence une montagne de sable prête à s'écrouler au moindre coup de vent. Alors, c'est dans ce qu'elle a été qu'elle va découvrir ce qu'elle veut être (...) Comme on rebrousse chemin dans l'espoir de retrouver un objet perdu, Britt part en quête d'elle-même. Au bout, il y a l'espoir d'offrir sa vérité à l'homme aimé. Est-ce pour cela que le roman est scandé par les coups des horloges ?" Pierre Lepape dans Le Monde (18 septembre 1998) "
Hélène Lenoir est l'une de nos meilleurs romancières d'aujourd'hui. A la fois forte et subtile. Ses trois premiers romans montraient l'étendue de son registre, l'originalité de sa recherche romanesque, son pouvoir d'analyse et d'émotion. Dans Son nom d'avant ces qualités littéraires se conjuguent avec une parfaite simplicité de l'expression. Comme si le choix des mots, le rythme de la phrase, l'aller et retour des dialogues avaient trouvé sans peine leur juste place, leur dessin exact. Le roman présente une surface parfaitement calme, faite de lignes soigneusement ordonnées, presque froides. Et cette expression paisible, prosaïque nous tire, comme par mégarde, vers les gouffres de l'angoisse, de l'irrésolution, de la perte de soi et de la plus extrême violence des sentiments". Et, Michèle Gazier, dans Télérama (16 septembre 1998) "Chez Hélène Lenoir, pas de coups de théâtre, de grands éclats, de gesticulations. Pas d'envolées lyriques, d'effets de style, de fioritures, de surcharge. Rien que le muscle fin d'une écriture qui dit avec exactitude et précision ce qu'elle veut dire sans jamais outrepasser son rôle extérieur de narratrice."