Colonie
Léonce et sa vieille mère vivent maintenant seuls dans l’ancienne propriété à l’abandon, prise en étau entre la rivière et la nationale. Tout près, de l’autre côté de la route, les maisons blanches du lotissement gagnent chaque jour du terrain.
Le souvenir des années 20 les hante. Mangée par une glycine en fleurs, la maison apparaissait au milieu d’un parc immense, dans les allées impeccables duquel s’épanouissaient lilas et seringas, chênes et séquoias, massifs d’églantiers, de rosiers rouges et de pivoines blanches.
Mais dans ces lieux trop paisibles le père de Léonce s’ennuyait et rêvait d’aventures exotiques. Encouragé par un notaire véreux, il abandonna femme et enfant pour les rives du Congo : l’Empire colonial serait, à n’en rien douter, le théâtre de ses retentissants succès…