Philosophie, N° 116, Hiver 2012 : Etudes sur Heidegger

Auteur(s) : Martin Heidegger, Alexandre Lowit, Christian Sommer, Guillaume Badoual, Claudia Serban
Editeur : Les Editions de Minuit

Intégralement consacré à Heidegger, ce numéro s'ouvre avec la traduction par Guillaume Fagniez d'une conférence intitulée " L'Europe et la philosophie allemande ", prononcée à Rome en 1936. Il s'agit de l'esquisse d'une réponse heideggérienne à la crise de l'Europe, réponse qui affirme la vocation de la philosophie allemande à assumer le nécessaire " dépassement de la métaphysique ". Vu que la condition d'un autre commencement de la pensée réside dans une confrontation avec son premier commencement, ce texte se présente comme un témoignage de l'évolution de la compréhension heideggérienne du " commencement grec " - et ainsi, de la transition du premier vers le second Heidegger.
Heidegger ayant lui-même écrit que sa première pensée n'était intelligible qu'à partir du site de sa pensée d'après le tournant, le numéro se poursuit par un article d'Alexandre Lowit, " Les Essais et conférences et la "tâche de notre pensée" ", qui tâche justement d'élucider le site depuis lequel pense et parle le Heidegger des Essais et conférences - qu'il s'agit pour nous d'atteindre si nous voulons entendre son rapport au monde grec, ainsi que l'unité et l'économie générale qui appartiennent aux Essais et conférences. Dans cette perspective, que signifient le fait de " montrer dans l'Ereignis " et le " ne-plus-grec ", c'est-à-dire l'entrée dans le site de l'Ereignis et le dépassement de l'élément grec qui caractérisent son ultime pensée ? Les deux articles qui suivent, " Capacités de l'animal, potentialités de l'ustensile et possibilités du Dasein " de Claudia Serban et " Métaphysique du vivant.
Note sur la différence zoo-anthropologique de Plessner à Heidegger " de Christian Sommer, se rapportent au cours de 1929/30 intitulé Les problèmes fondamentaux de la métaphysique. Le premier texte prend pour fil conducteur la question de la possibilité, et interroge à cet égard le vivant en tant qu'être doué de capacités pour confronter ces dernières aux possibilités existentiales du Dasein, et interroger le hiatus qui sépare l'animal et le Dasein. Le second lit l'ontologie privative de la vie que présente Heidegger dans Être et temps comme une réplique aux critiques " bio-philosophiques " que formule Plessner en 1928 dans Les degrés de l'organique et l'homme - qui se concentrent dans l'objection selon laquelle Heidegger écarterait la vie au profit de l'existence ; au-delà des divergences, il s'efforce de mettre en évidence les convergences, qui tiendraient dans le projet d'une " métaphysique du vivant ".
Enfin, dans " L'éthique, elle aussi, est sans fond ", Guillaume Badoual part d'une phrase de la poétesse Olga Sedakóva qui consonne avec les propos sur le sens de l'éthique de la Lettre sur l'humanisme, et s'efforce de montrer comment, pour Heidegger (et ce dès Être et Temps), le sens à accorder à l'agir humain ne peut plus être entendu à partir de la détermination d'un fondement métaphysique de la morale. À cet égard, l'utilitarisme, comme recherche d'un tel fondement, apparaît a contrario comme une manifestation du nihilisme entendu comme achèvement de la métaphysique. D. P.

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Parution : Janvier 2013
95 pages
ISBN : 978-2-7073-2276-0
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