Le mensonge de la finance : Les mathématiques, le signal-prix et la planète
La finance est maintenant adossée à une théorie mathématique très aboutie qui rend bien compte des conséquences de la spéculation et de ses perfectionnements spectaculaires récents. On peut en déduire que l'agitation des cours, la volatilité, a un rôle grandissant. Sur les marchés le signal-prix et la rareté ne sont plus visibles. La transition environnementale est compromise. La construction d'indicateurs et d'institutions non financières est indispensable.
Depuis la mise en place des nouveaux marchés financiers dans les années 1970, munis de leurs produits dérivés, la spéculation a dépassé le stade artisanal. L'intelligence artificielle, les algorithmes d'apprentissage et les transactions à haute fréquence s'appuient maintenant sur des big data. Ceci accentue l'imprévisibilité des marchés.
Mathématicien de renom, fin connaisseur des marchés financiers, Nicolas Bouleau démontre que plus les équipes de spéculateurs de par le monde utilisent des méthodes puissantes, plus les marchés sont conformes à la théorie mathématique. Celle-ci donne à la volatilité un rôle majeur, incontournable, qui reflète l'inquiétude des intervenants. Visiblement ce rôle avait été sous-estimé dans les travaux des économistes sur les marchés dans l'incertain. L'agitation est telle que la raréfaction des réserves - de pétrole par exemple - ne se voit pas clairement sur le cours ni sur ses anticipations. Les prix des marchés financiers fournissent de plus en plus mal l'information sur la rareté qui permettrait aux entreprises, aux ménages et aux Etats de s'engager dans la transition. Les produits dérivés ne remplacent pas le signal-prix effacé par la volatilité. Une nouvelle fabrication d'information est nécessaire sur l'état de la planète et de ses habitants.
En dévoilant, grâce aux mathématiques financières elles-mêmes, les faiblesses de la gouvernance par la finance, Nicolas Bouleau plaide pour la construction d'indicateurs non financiers qui contrecarrent l'hégémonie des marchés, reflètent les besoins de la planète et permettent à des institutions politiques d'y répondre.