Cahiers de l'Atelier N556: hospitalité et identités fragilisées
Dans un contexte de montée des tensions xénophobes, ce numéro des Cahiers de l'Atelier revisite la question de l'hospitalité. Il la relie à celle des identités fragilisées à travers des récits et les éclairages qui font appel à l'histoire, la sociologie, l'anthropologie, la philosophie, le droit, l'exégèse biblique et la théologie.
L'hospitalité s'inscrit aussi bien dans la tradition biblique que dans celles de la plupart des peuples se heurte aujourd'hui à des peurs et des refus de l'étranger ; elle semble une menace pour des personnes dont la propre situation est marquée par la fragilité même si on observe que les familles pauvres sont souvent un lieu d'accueil.
L'hospitalité produit donc des tensions et des déstabilisations mais génère aussi des dépassements. Si elle parait « normale » comme attitude pour se conduire dans la vie, d'où viennent les réticences ? Accueillir quand on ne sait plus qui on est ou quand on a peur de se perdre dans la vie devient parfois difficile. Pourquoi estime-t-on son identité blessée ou humiliée ? Comment faire de la place à l'autre quand on pense sa place incertaine ?
La dimension individuelle de l'hospitalité est à articuler avec une dimension collective. Les traditions religieuses parlent toutes de l'hospitalité interpersonnelle mais qu'en est-il de l'hospitalité pratiquée par un Etat ? Faut-il distinguer l'hospitalité de courte durée et celle à long terme ? Comment le droit gère-t-il les questions juridiques entre l'hospitalité et l'identité ? Et la politique ?
Il parait nécessaire de rechercher les raisons qui conduisent à la peur de l'accueil de l'autre afin de s'opposer sans naïveté aux tendances xénophobes actuelles et de suggérer des processus d'accueil. Les identités ébranlées sont appelées à se recomposer.
En partant de pratiques concrètes d'hospitalité ou de refus d'hospitalité, de paroles de personnes en fragilité et/ou migrantes, ce numéro propose d'abord une approche socio-culturelle pour faire un état des lieux. Une approche biblique pointe ensuite la tension entre le devoir d'hospitalité et celui de la préservation de la pureté légale ainsi que l'enseignement de Jésus et les pratiques des premières communautés chrétiennes. Un travail d'anthropologie et de théologie chrétienne permet de réfléchir les discernements à effectuer entre hospitalité et identité, à la lumière de la révélation chrétienne. Cette réflexion sera accompagnée d'une réflexion philosophique, historique et juridique.