Pyrénées fantastiques
Les Pyrénées ont longtemps été habitées par les légendes. En plus de la culture commune indoeuropéenne, les Pyrénées o#raient de forts particularismes constitués de rituels magiques, dans un monde peuplé d'esprits et de génies familiers. La sorcellerie, religion des pauvres, a pris la relève du paganisme alors que l'Eglise s'est employée à christianiser les vallées. Les fées, les géants et une foule innombrable de saints, souvent successeurs des dieux topiques venus christianiser de vieux sites païens, peuplaient l'imaginaires des habitants des montagnes.
L'obsession de la maîtrise magique du ciel constitue également une permanence, tout comme le grand nombre de sorciers et autres devins dont nous ferons la connaissance. Les Pyrénées ont longtemps constitué un véritable conservatoire ethnologique. Un conservatoire que des générations successives ont longtemps ignoré, attirées par les seuls charmes du pyrénéisme sportif. Pourtant, les montagnards partageaient une culture et une langue complexes faites de croyances ancestrales reléguées au rang de superstitions par les clercs civils ou religieux. Certes des érudits locaux ont recueilli la somme des « contes et légendes », mais traités comme autant de récits folkloriques, alors qu'ils recèlent souvent les trésors d'une mythologie cachée. En fait, peu de chercheurs se sont intéressés au passé des hommes et des femmes, habitants de ces Pyrénées païennes qui ont disparu comme la civilisation montagnarde, elle-même gommée dans les années 1950-1960, avec un siècle de retard, par le rouleau compresseur du modernisme.