En marge du théâtre
" N'écrivez pas de lettres, Anouilh, les gens les gardent ", lui disait un ami. Ce ne sont pas des lettres (Anouilh, lui, disait qu'une lettre est déjà caduque, à peine postée) que ces préfaces, ces articles, ces présentations de pièces dans les programmes de théâtre, mais, tout comme elles, ces textes sont ponctuels, c'est-à-dire éphémères. Dans ce recueil, ce n'est pas tant la véracité intrinsèque des propos qui est intéressante : Anouilh n'aurait probablement pas écrit la même louange ou cédé au même attendrissement sur tel ou telle, déçu ou fâché souvent, ni énoncé les mêmes jugements, quelque temps plus tard. Ce sont ses élans du coeur, ses mouvements d'âme, ses réflexions étonnamment profondes écrites spontanément, comme ça, sur l'instant, qui nous ravissent. Aurait-il été heureux de la parution de ce volume ? Qu'aurait-il gardé, lui, corrigé ? Efrin Knight nous livre le résultat de ses fouilles - sous les couches de l'oeuvre d'Anouilh - et chacun en tirera son petit objet de valeur !