Le venin de la mélancolie
" Fin des années soixante. Chirac était un lièvre juvénile zigzaguant sur une portion de carte Michelin. Moi, j'avais vingt ans, je rêvais d'étreindre l'Histoire en gâchant de l'encre pour moudre le grain de ma mélancolie. Autant dire que les tribulations d'un énarque pompidolien ne m'inspiraient qu'une curiosité distraite. Comme tous mes copains, je détestais la société de consommation. Ils étaient presque tous de gauche. Pas moi. Je n'étais pas de droite non plus. Depuis lors, mon patriotisme n'a pas souvent été à la fête. De Gaulle est mort, la France m'a fait faux bond. Telle est mon équivoque avec la politique. " D.T. Qu'il peigne Mitterrand ou Le Pen, un ministre de la Ve République ou Ben Loden, qu'il décrive les notables de province ou les palais de l'État, les campagnes présidentielles ou les sommets internationaux, qu'il analyse le marasme des banlieues ou la déréliction de l'Afrique, l'agonie des communistes, l'essor de l'islamisme ou les ambivalences de l'Amérique, qu'il dialogue avec Debray, Fukuyama ou Huntington, c'est en écrivain, sous les auspices de Chateaubriand, Dumas et Malraux, que Denis Tillinac dresse ici, à travers le récit de ses engagements buissonniers, la chronique passionnée et mélancolique des trente dernières années. Parce que l'Histoire a basculé ; et ce n'est qu'un début.