Plus jamais ça
Fraîchement divorcé, José Pestaéna dit «Pepe», historien réputé, revient enseigner dans sa ville natale après trente ans d'absence. Sa ville natale ? León, chef-lieu d'une province du nord-ouest de l'Espagne, marquée comme la moindre parcelle du pays par les cicatrices de la Guerre civile. À soixante ans et des poussières, il est enfin prêt à affronter le grand ennemi de sa vie : Germán, son père, franquiste convaincu, ancien phalangiste devenu chef d'entreprise et puissant notable de la ville. Alors que l'Espagne bruisse des nouvelles lois sur le devoir de mémoire et s'étripe sous couvert de réconciliation, le vieillard, canne début de siècle et costume impeccable, n'a aucune envie d'expier ses fautes. Et, d'ailleurs, à qui la faute ? Qui saurait dire quel camp a fait couler le plus de sang ? En se spécialisant dans l'histoire de la guerre, son fils aîné l'a déjà mille fois poignardé dans le dos. Le jour où un vieux paysan interpelle Germán, sous les yeux de Pepe, sur le rôle qu'il joua dans l'assassinat de son père, l'ancien phalangiste décide de continuer à fermer les yeux, et donne à son fils la matière d'une enquête qui le poussera dans les retranchements de l'histoire - celle de son pays, mais aussi celle de sa famille. Au sein de l'université de León, les querelles des professeurs, opportunistes nécrophages et idéalistes préoccupés par l'avenir, reproduisent en miniature la violence des années 30. Déchiré entre son devoir professionnel et ce qui lui reste de loyauté familiale, Pepe réussit à faire taire provisoirement ses angoisses auprès d'une jeune chercheuse, Raquel, trop jeune pour porter l'épuisant héritage de la guerre.
Orchestré comme une tragédie, Plus jamais ça est un tribut amer et poignant à un chapitre essentiel de l'histoire européenne. Il n'y a ni bons ni mauvais dans ce roman polyphonique mettant à nu les ravages que le franquisme continue d'imposer à la nouvelle Espagne. Mais si la politique est empoisonnée, la famille demeure bel et bien le théâtre des guerres les plus impitoyables.